Après des études d'art et « un peu de relations internationales », Evangeline devient bénévole auprès des personnes à la rue en 2007, puis volontaire civique. Elle se voit confier comme mission de travailler sur les actions à mettre en place auprès des familles Roms, alors très peu accompagnées par l’association. « C’était très motivant, tout était à construire ! ».
Aujourd’hui, elle gère un accueil de jour avec une équipe de bénévoles. Quatre matins par semaine, des personnes sans domicile viennent y prendre un petit déjeuner, une douche, participer à des ateliers (poterie, dessin, équipe de foot…), mais aussi trouver des oreilles attentives à leurs besoins et leurs difficultés. Evangeline s’y rend une à deux fois par semaine pour épauler les bénévoles, aider à monter des animations, réfléchir aux évolutions à apporter… « Les bénévoles sont très impliqués et depuis longtemps, ils sont autonomes pour la bonne marche quotidienne de l’accueil. C’est une super équipe ! »
Auprès des familles Roms
Parallèlement, elle a continué le travail avec les familles Roms avec une équipe de bénévoles qu'elle encadre. Elle recrute et forme les membres de cette équipe, et les aide à accompagner les familles. Elle est en charge du dialogue avec les pouvoirs publics, les partenaires associatifs et institutionnels. Elle se rend sur les terrains, bidonvilles et autres squats où les familles ont élu provisoirement domicile. « Ces personnes vivent dans des situations de précarité inimaginables ! Je vais leur rendre visite au moins une fois par mois. C’est important pour moi de connaître toutes les familles et de suivre leur situation, pour établir avec elles des relations de confiance. Ce sont des personnes qui ont souvent été déçues par ceux censés les aider. Du coup, la régularité et la fiabilité de nos visites comptent beaucoup ».
L’équipe Roms écoute les besoins des familles (médicaux, scolaires, matériels…) et les oriente vers les structures adaptées. « On ne dispense pas d’aide matérielle car on veut s’inscrire dans une relation de long terme et non sur des mesures exceptionnelles. Ce que nous voulons, c’est donner de l’autonomie aux familles, qu’elles s’en sortent même en cas d’expulsion, si on perd leur trace ».
Micha, Elena et les autres
De son travail avec les Roms, Evangeline a tiré un livre, qui est paru le 17 novembre. Micha, Elena et les autres – Vie et visages de Roms en France raconte des rencontres, des instants de vie, des parcours... « Aujourd’hui les Roms, majoritairement stigmatisés et mal connus, sont devenus synonymes de chiffres, d’expulsions, de lois et de circulaires. Mon livre ne se veut ni militant ni dénonciateur : il a pour objectif de raconter le quotidien de ces familles atypiques au-delà du rapport fugace que nous avons avec elles. Ce recueil incite à la rencontre de ces migrants afin d’humaniser ces êtres relégués aux marges de nos cités. Il entend destigmatiser l’étranger, sa vie et sa réalité afin de pousser le lecteur à changer son regard sur l’autre. »
Les petits enfants de Lénine
Evangeline n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle a déjà publié en 2008 un livre inspiré de son voyage d’un an avec son mari à travers les 15 républiques issues de l’implosion de l’URSS. Les petits enfants de Lénine, Pérégrinations de deux Européens dans les anciennes républiques soviétiques raconte les souvenirs et les rêves de cette génération qui a grandi en URSS et est devenue adulte sous l’indépendance . « Ce voyage a été fondateur. Pendant un an, c’est moi qui étais dans la position de l’étranger et qui rencontrais des difficultés quotidiennes, notamment pour le logement. Et des familles m’ont ouvert leur maison et leur vie ! Les enseignements de cette année me portent tous les jours dans ma mission. »